Le XIX e siècle : le rétablissement du pouvoir de l’Église

Dans un pays qui connut un affrontement si violent entre républicains et royalistes, l’intrusion d’un troisième larron, le régime impérial, dut surprendre et désorienter. Créer une nouvelle monarchie, quelle audace ! Les partisans  du retour des Bourbons et Louis XVIII, en premier lieu, étaient persuadés que Bonaparte travaillait pour leur compte. Le prestige du premier consul dans les Mauges, après la signature du Concordat le 16 juillet 1801, était immense : il apportait la paix religieuse, civile et économique. De passage à Angers, l’abbé Bernier reçut un accueil enthousiaste. C’était pour les combattants de la Vendée dont les derniers venaient tout juste de signer la paix de Montfaucon en janvier 1800, comme une victoire à retardement, et une justification de leur combat et de leurs souffrances. Mais la tâche de reconstruction de l’Église était immense. Son clergé était divisé entre réfractaires et jureurs, exilés et clandestins, ceux qui avaient brûlés leur lettre de prêtrise en 93, comme le curé Boilet, par conviction ou par peur du régime terroriste, ceux qui étaient mariés et ceux qui ne l’étaient pas, sans compter l’âge moyen du clergé qui avait sérieusement augmenté avec l’impossibilité de former de nouvelles recrues pendant  plus de 10 ans. Dès 1795, le vicaire Gaudin put sortir de la clandestinité et fit office de curé jusqu’à l’arrivée en mai 1800 du curé Raimbault. Jean-Gabriel Raimbault était une personnalité discrète, il était auparavant curé réfractaire de Botz-en-Mauges: " c’était un homme doux, paisible et régulier. Deux fois par an, il se mettait  en frais d’éloquence mais ces homélies étaient toujours les mêmes : il n’en avait que deux" nous dit l’abbé Brin, biographe de son successeur le curé Bretault.

Quant à la paix civile, elle était très précaire. Nous avons vu comment pendant le directoire, les pouvoirs locaux eurent bien du mal à fonctionner. Toute une génération née depuis1780 n’avait pratiquement connu que la guerre. Chaque changement de régime, et ils furent nombreux  dans cette première moitié du siècle, rouvrait les anciennes cicatrices. C’est ainsi qu’une partie des combattants de 93, reprirent du service, à l’appel de d’Autichamp pour les Mauges, lors des 100 jours, et participèrent à la bataille de Rocheservière le 19 juin 1815, une semaine avant Waterloo. Cette ébauche de soulèvement mobilisa une partie des troupes impériales qui eussent été fort utiles à Waterloo. Mais le cœur n’y était plus, la liberté religieuse assurée et les chefs royalistes, comme d’habitude désunis.  Un drapeau blanc, conservé dans la famille de Bossoreille en conserve le souvenir. La question de la conscription ternit l’étoile de l’empereur dans le cœur des habitants des Mauges. S’ils s’étaient battus pour ne point quitter leur petit pays en 93, pourquoi partiraient-ils pour aller se faire tuer dans les conflits lointains où la mégalomanie impériale envoyait son armée ? Certains Macairois n’en sont jamais revenus vivants comme XXXX tué en Espagne et dont le corps fut enterré à XXXXX.
Paradoxalement, c’est le conflit de Napoléon avec l’Angleterre qui contribua à faire redémarrer l’économie locale. Le tissage choletais, malmené par le traité de libre échange de1786 avec l’Angleterre, se trouva protégé de toutes concurrences étrangères pendant le début du siècle. Le réveil n’en fut pas moins dur à partir de 1830, quand les échanges internationaux se développèrent de nouveau.
Il est plus difficile de suivre l’évolution de la société civile de cette époque. La description des blessures et handicaps consignés dans les demandes de pension au moment de la Restauration, laisse à penser qu’une grande misère recouvrit le pays. Après 25 ans de tumultes et deux millions de morts, le pays était épuisé et de plus, honte suprême pour un pays qui avait déclaré la guerre à l’Europe entière, occupé militairement.

En 1830, l’arrivée au pouvoir du fils de Philippe-Égalité, régicide, trouble une fois de plus la dualité simple de la première guerre de vendée. Un quatrième partenaire s’introduit dans le jeu: les orléanistes. Soutenu par une partie des républicains, faute  de mieux, la crainte d’une réaction de la Vendée au départ de Charles X, fait déployer aux nouvelles autorités, une occupation quasi  militaire  des anciennes communes insurgées

C’est ainsi que le tout nouveau et tout jeune curé Bretault , il a 28 ans et ne succède que  depuis 6 mois au curé Raimbault brutalement décédé en décembre 1829, voit sa cure occupée par l’armée et il est soumis à de multiples vexations. La croix d’argent du curé Soyer, seul bien d’église rescapé de la tourmente révolutionnaire, est consignée dans le placard de la sacristie, sous prétexte qu’elle est ornée de fleurs de lys. La grande croix du cimetière possédait-elle, elle aussi de telles décorations ? Des charpentiers venus de Cholet sont chargés de l’abattre. On avait mis en garde le jeune prêtre, dès sa nomination comme vicaire, le 11 juin 1827 : " St Macaire est un pays de discordes et de  divisions ! On s’y heurte et s’y affronte vivement !" Fils d’un meunier, combattant vendéen, le curé Bretault sut  toujours mettre son action pastorale en priorité et réussit ainsi à se faire admettre de tous. Dans l’esprit de reconquête et avec le moralisme étroit issu à la fois du jansénisme et de  la morale bourgeoise de l’époque, il  fonda une multitude de "sociétés" qui encadrèrent la population :
        -pour les jeunes en 1837, il fonda le patronage St François, l’un des premiers d’une structure appelé à un grand essor jusque dans les années 1950.
        -En 1838, il fonda la société du prieuré pour les hommes, appelée ainsi parce qu’elle se retrouvait dans l’ancien bâtiment du prieuré bénédictin puis dans celui de l’école rue Jeanne d’arc.
        -En 1846 il fonde une congrégation pour les jeunes filles et une autre pour les femmes chrétiennes.
        -En 1863, le tiers ordre de St François regroupe 20 hommes et plus de 80 femmes.

Toutes ses branches regroupaient environ un millier de personnes dans les années 1870/80 pour une population d’environ 2000 personnes ! Tout le monde ne dut pas se trouver toujours à l’aise dans une population aussi encadrée. Au moment des affrontements avec un état se laïcisant, à la fin du siècle, des signes de tension surgirent du bel unanimisme décrit par les abbés Brin et Deniau.

Mais en ce milieu de siècle, le souvenir des anciennes querelles, la misère ambiante, tout poussait les macairois à essayer de dépasser les vieux clivages et à suivre un pasteur si déterminé. René Bretault ne détesta pas non plus manier la truelle dans les nombreuses constructions qu’il entreprit :
- 1842 , l’école des garçons au début de la rue d'anjou
- 1846 , l'école des filles
- 1851, restauration de la chapelle Ste Marguerite.
- 1857 à 1861, construction de l’église actuelle,
- 1870/71, construction du patronage St François, tel que beaucoup le connurent jusqu’à sa démolitions en 1973,
- 1873/74, la chapelle de l’Immaculée rue d’Anjou (démolie elle aussi récemment).

Dans le domaine scolaire, le curé Bretault en accord avec le maire, Mr François Courtais, très proche des milieux paroissiaux, prit de nombreuses initiatives, pour améliorer la qualité de l’enseignement. Les 2/3 de la population ne savent pas signer les registres dans les années 1830.
- 1837, Il fait venir , des soeurs de la Pommeraye qui s’occuperont des filles.
- 1842, il fonde l’asile, précurseur de l’école maternelle, inconnue alors dans les milieux ruraux.
- 1846, des frères de St Gabriel vont s’occuper des garçons jusqu'à la suppression des congrégations en 1903.